Serge, en route pour l'université depuis la cité Kossodo où il réside.

Serge et Raymond, étudiants logeant à la cité Kossodo, parcourent chaque jour un long chemin pour aller en cours, veillant à ne pas se salir lorsqu'ils traversent des lieux inondés par des débordements de canaux urbains.

La carte de bus coûte 5000 francs CFA par mois, sans tarif réduit pour les jeunes. Une somme difficile à débourser pour un étudiant. Il n'existe aucun tarif réduit pour les étudiants au Burkina Faso.

Un amphithéâtre de l'université de Ouagadougou.

 

Le collectif "Deux heures pour nous, c'est deux heures pour l'Afrique" organise depuis 2013 un cadre de débat où se retrouvent chaque jour les étudiants entre midi et 15h.

 

Un livre de Joseph Ki-Zerbo, prévu comme cadeau du meilleur élocuteur du mois. Cet historien est l'auteur du célèbre slogan « "Naan lara an sara » (Si nous nous couchons, nous sommes morts) entendu lors de nombreuses mobilisations.

 

 

 

 

 

 

Agence bancaire sur le site de l'université. Des étudiants déplorent que ce genre d'établissement se soit installé sur le campus alors que les chambres universitaires y ont été fermées. La majorité des étudiants vit dans des conditions de grande pauvreté.

Vendeuse de brochettes sur le campus universitaire de Ouagadougou. Suivant leurs moyens, les étudiants peuvent manger au restaurant universitaire, ou commander de la nourriture auprès des petits kiosques. Depuis la rentrée 2015, ces derniers ont été chassés du campus.

Serge lit au calme dans la cours d'amis étudiants, en colocation en centre-ville.

Conférence sur «le changement politique» au Burkina Faso au Centre National de Presse Norbert Zongo.

 

Etudiante en communication, Aminata est fière de porter un Faso Dan Fani (pagne de fabrication locale) taillé à son goût. Thomas Sankara en avait fait un symbole de sa révolution.

Clément, de retour de son enrôlement sur les listes électorales en juin 2014. Comme beaucoup d'étudiants, Clément veut voter aux élections présidentielles.

Des jeunes du quartier Kossodo bloquent la route menant au village de Ziniaré, au lendemain de l'annonce d'un vote des députés prévu le 30 octobre pour entériner le renouvellement de la candidature de Compaoré. La banderole est une reprise d'une chanson de l'artiste Sams'k.

Insurrection du 30 octobre 2014. Serge se rend à l'Etat Major des Armée pour voir si les militaires reconnaissent bien la fin du régime Compaoré.

"Faut-il laisser les militaires au pouvoir ?" Premier débat post-insurrection à l'université de Ouagadougou le 5/11/2014. Les étudiants restent aux aguets. Le pouvoir sera transféré à un civil quinze jours après.

Serge fait une longue intervention lors du premier cadre de débat universitaire post-insurrection. Taclant avec humour certains responsables syndicaux ayant souvent désavoué les initiatives de son groupe de débat, pas assez radical à leurs yeux, il souligne la période historique que vit sa génération, invitant à la modestie et à la vigilance, malgré la fierté procurée par la chute du régime Compaoré.

 

Une étudiante manifeste le 17/12/2014 pour interpeller les nouvelles autorités concernant la nourriture qui leur est servie en cité. Subventionnée par l'Etat, la nourriture des restos U rend malades les étudiants trop souvent.

Un nouveau responsable du CENOU répond aux étudiants venu l'interpeller concernant la nourriture qui leur est servie en cité, le 17/12/2014.

Bus gouvernemental brûlé lors de l'expulsion violente des étudiants survenue l'été 2013, servant désormais de mur d'affichage à la cité universitaire Kossodo.

Dernier jour d'enrôlement sur les listes électorales. De nombreux étudiants se sont inscrits afin de pouvoir voter aux élections d'octobre 2015.

SERGE, LA VERVE ET L'ESPOIR.

Comment vivent les étudiants du Burkina Faso ? Très mal répondent la plupart, encore sous le choc de la crise universitaire de juillet 2013 lors de laquelle les autorités ont fermé du jour au lendemain l’ensemble des cités et restaurants universitaires. L’expulsion musclée des étudiants de Ouagadougou entraîna des émeutes au cours desquelles une quarantaine de personnes furent emprisonnées, puis libérées au bout d’un mois grâce à la mobilisation de la société civile, en particulier du mouvement le Balai Citoyen.

Vécue par les étudiants comme une punition pour avoir participé aux marches anti-Sénat de 2013, cette crise n'a finalement fait que renforcer leur désir de changement, comme en témoigne leur présence massive dans les rangs des protestataires lors des mobilisations de 2014.

Pour étendre la "conscientisation" au sein de leur campus, des étudiants cherchent de plus en plus à s’organiser et créer des cadres de débats incitant à participer à la vie politique du pays.

Serge Bayala et ses amis sont de ceux là, animant le cadre de débat "Deux heures pour nous, deux heures pour l'Afrique", où les positions panafricaines côtoient les analyses de chacun sur la situation nationale et internationale.

Un rendez-vous quotidien qui laisse s'exprimer la force et la frustration d’une jeunesse consciente, déterminée à vivre un changement démocratique dans leurs pays.

Malicieux et volontiers critique concernant les conditions de vie au campus, Serge s’attache à afficher publiquement ses opinions et à donner confiance à ses camarades pour qu'ils s'expriment sur leur quotidien et la situation du pays.

Une démarche qui suscite le soutien sans faille de ses amis. Mobilisé sur de nombreux fronts, notamment au sein du mouvement le Balai Citoyen, Serge s’implique aussi dans la vie de sa cité universitaire à Kossodo. Un lieu de vie où la débrouille et les solidarités quotidiennes sont des réconforts indispensables pour tous ceux qui vivent loin de leur familles avec un budget mensuel dérisoire.

Impliqués lors de l’insurrection populaire qui a mis fin au régime Compaoré en octobre 2014, Serge et ses amis continuent d’organiser leurs débats et de défendre les droits des étudiants. En premier lieu... celui de pouvoir se nourrir correctement sur le campus sans tomber malade.

Un combat qui peut sembler anecdotique mais qui revêt pourtant une grande importance : « impossible d’étudier le ventre vide ou tordu de douleur » souligne Serge, espérant que le changement démocratique en cours au Faso va permettre d’améliorer les conditions de vie des étudiants.

Travail réalisé entre novembre 2013 et janvier 2015