Village d'insertion de Saint-Ouen, juillet 2013.

 

Fou rire entre Costel et sa femme, habitants du village d'insertion.

 

Dan reprends des forces en revenant du travail. Il est employé par une entreprise de nettoyage de chantiers avec laquelle il a signé un CDI.

Gabriela, l'épouse de Dan, enceinte de son quatrième enfant.

L'aîné de la famille est scolarisé à l'école Nelson Mandela à Saint-Ouen, comme sa soeur et d'autres enfants du terrain.

Marché des Biffins. Porte de Montmartre, octobre 2013

Chaque samedi à 08h30, Dan vient tenir son stand : "C'est pour mieux m'en sortir en plus du travail de la semaine".

Costel, habitant du 41 rue de Clichy, tient aussi un stand à côté de Dan.

Dan vend des objets qu'il récupère, ici un ordinateur portable avec une batterie en état de marche, qu'il vient de tester chez un marchand.

 

Village d'insertion de Saint-Ouen, octobre 2013

Pour Dan et Gabriela enceinte, la vie à cinq dans l'étroite caravane devenait de plus en plus dure. Un bungalow abandonné fenêtre au vent à la fermeture du village leur permet de vivre plus décemment pour le moment, en attendant une meilleure solution.

Du gros linge attend d'être lavé pour l'arrivée prochaine du bébé.

 

 

Village d'insertion de Saint-Ouen, octobre 2013

Dan range ses papiers. Il est inscrit comme demandeur de logement social.

 

Dan travaille sur un PC portable. Il a appris l'installation de logiciels avec un ami et aimerait suivre un jour une formation en informatique.

 

 

 

41 RUE DE CLICHY : UN VILLAGE D'INSERTION À L'ABANDON

En 2008 à Saint-Ouen, un village d’insertion a été créé suite à l’expulsion du squat de la rue Ardouin.

Ce dispositif, critiqué depuis sa création, est censé aider des familles rroms à accéder à un emploi et un logement en les accompagnant dans leurs démarches. 19 familles triées sur le volet ont ainsi été accueillies au 41 rue de Clichy, dans des caravanes et des bungalows.

Une incohérence a lourdement alourdi leurs parcours : malgré la volonté affiché du village d’insertion mis en place par l’Etat, les habitants munis d’une promesse d’embauche ont essuyé un refus de la Préfecture lors de leur demande de papiers. Condamnés à laisser filer des opportunités d’emploi, certains attendront trois ans avant de pouvoir travailler légalement.

Fin décembre 2012, le village d’insertion est abandonné par L’Etat, qui ne participe plus financièrement au dispositif.
Sur l’ensemble du terrain, quatre familles ont pu trouver entre temps une vie autonome et quatre autres ont été réorientées au village d’insertion d’Aubervilliers. Huit familles restent sur place, sans proposition de relogement.

En juillet 2013, la municipalité se retire à son tour et l’électricité est coupée. La police municipale ordonne aux habitants de quitter les lieux. Un procés doit pourtant statuer sur leur expulsion avant toute chose. Il s’est tenu le 20 novembre 2013. La décision du tribunal sera rendu le 16 décembre. La Ville souhaite expulser ce terrain pour permettre à Sequano Aménagement, propriétaire et aménageur, de lancer le grand projet urbanistique des Docks.

La menace d’expulsion s’accompagne d’une accusation à l’encontre des familles : L'ALJ (93), association misssionée par l’Etat, a quitté le dispositif en concluant qu’elles n’ont « pas répondu aux critères de volonté d’intégration ». Ces familles ont pourtant effectuées de nombreuses démarches depuis leur arrivée : leurs enfants sont scolarisés dans le quartier depuis cinq ans, une jeune a obtenu un BEP, plusieurs adultes sont proches d’un accès à l’emploi, et un habitant a trouvé un travail en CDI, il s’appelle Dan.

Dan habite le village de Saint-Ouen avec sa femme depuis 2008. Père de trois enfants, tous scolarisés, il travaille à temps plein pour une entreprise de nettoyage de chantiers. Il tient en plus un stand le week-end au Marché des Biffins, où il a une place attitrée. Dan présente tous les élément requis pour être relogés avec les siens, mais aux yeux de certains il reste «incapable de s’insérer».

Menacés d’expulsion et privés d’électricité, Dan et les sept autres familles vivent dans l’angoisse d’un retour à la rue, sans que leurs parcours soient reconnus, cinq ans après avoir été choisi par les pouvoirs publics pour intégrer un projet d’insertion.

Alors que le mot «intégration», ponctue chaque discours de haine et de reproches à l’égard des populations tsiganes, l’histoire de Dan est celle de quelqu’un qui essaye simplement de s’en sortir.

Travail réalisé en 2013